À la fin du mois de mai 2023, le gouvernement de François Legault a proposé des changements en matière d’immigration. Deux hypothèses ont été envisagées quant au seuil de nouveaux arrivants (faisant partie de la catégorie immigrant économique) que la province francophone peut accueillir sur une période de 3 ans, soit de 2024 à 2027. L’une des possibilités est de maintenir le seuil de l’immigration à 50 000 nouveaux arrivants durant ces trois années, tandis que l’autre option serait d’augmenter graduellement le nombre d’immigrants : en 2024, le Québec pourrait accueillir 50 000 nouveaux arrivants, en 2025, ce nombre pourrait passer à 54 000 personnes, pour augmenter à 57 000 personnes en 2026, pour finalement passer à 60 000 nouveaux arrivants en 2027. De ces nombres, les personnes admises au programme de l’expérience québécoise (PEQ) ne seraient pas prises en compte.
Qu’en est-il des étudiants étrangers?
Premièrement, un de ces changements qu’apporte le programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ) concerne les étudiants internationaux qui ont fréquenté un établissement d’enseignement postsecondaire francophone du Québec ou qui sont francophones, en effet, ces derniers jouiront d’une plus grande souplesse lorsque viendra le temps de faire une demande de résidence permanente une fois leur étude terminée. Auparavant, les étudiants étrangers ayant fait des études au Québec devaient détenir au moins 18 mois d’expérience de travail et être toujours à l’emploi avant de faire une demande de résidence permanente, mais depuis novembre 2023, les étudiants diplômés d’un établissement d’enseignement francophone du Québec pourront faire une demande de résidence permanente. Par ailleurs, les étudiants étrangers qui n’ont pas fréquenté d’établissement francophone durant leurs études pourront aussi accéder à la résidence permanente une fois diplômée, ils doivent cependant démontrer qu’ils ont un excellent niveau de français, et ce, dans toutes les compétences (écrit, oral et compréhension).
Qu’en est-il du français?
Deuxièmement, peu importe le programme d’immigration, la question linguistique demeure au cœur des préoccupations du gouvernement québécois. De ce fait, le programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ) cèdera sa place au programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ) qui imposera aux travailleurs qualifiés d’avoir au moins un niveau 7 (sur 12 niveaux) en communication orale, niveau qui est actuellement demandé dans le programme de l’expérience québécoise (PEQ). Autrement dit, les travailleurs qualifiés devront dorénavant être en mesure de communiquer dans des contextes prévisibles en lien avec la vie courante. Quant à l’écrit, les travailleurs qualifiés doivent posséder le niveau 5 en compréhension écrite et en production écrite.
Qu’en est-il des travailleurs moins qualifiés?
Troisièmement, le programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ) réservera un volet pour les travailleurs peu spécialisés, cependant, ces derniers doivent avoir un niveau 5 en français, et ce, tant à l’oral qu’à l’écrit. Quant au volet des travailleurs temporaires de l’expérience québécoise, elle inclura dorénavant les métiers qui ne requièrent pas de diplôme collégial, mais préférablement une formation en cours d’emploi de plus de 6 mois ou un apprentissage de moins de deux ans : on retrouve donc parmi ces métiers, les préposés aux bénéficiaires, les camionneurs, les boulangers-pâtissiers, entre autres exemples.
Qu’en est-il des gens d’affaires?
Quatrièmement, la catégorie des gens d’affaires, qui incluent les investisseurs, les entrepreneurs et les travailleurs autonomes, a, elle aussi, subi une modification. Les gens d’affaires doivent démontrer une connaissance suffisante de la langue française : c’est-à-dire avoir un niveau 7 en communication orale et un niveau 5 en écriture.
Qu’en est-il du regroupement familial?
Cinquièmement, même si c’est au gouvernement fédéral de s’occuper des regroupements familiaux en matière d’immigration, mais Québec à l’aide de la nouvelle réforme en matière d’immigration va obliger les familles à présenter un plan d’intégration au sein de la société québécoise qui devra inclure des cours de francisation.
Finalement, la différence entre les deux programmes est colossale. En effet, le programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ) se basait sur un système de points : il fallait accumuler à travers différentes (par exemple : les qualifications professionnelles, les connaissances linguistiques, l’âge, etc.) catégories un nombre de points X; donc, une personne voulant immigrer au Québec pouvait ne pas posséder les compétences linguistiques nécessaires, mais elle pouvait obtenir suffisamment de points dans les autres catégories (expérience professionnelle, compétences, ressources monétaires, etc.) pour être en mesure d’entrer au Québec. Avec le programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ), il faut obligatoirement avoir un niveau suffisant en français pour immigrer au Québec. Le cumul de points sans connaitre le français ne sera donc plus possible.
Mise à jour des changements en matière d’immigration
Bien qu’au printemps 2023 le gouvernement de Legault avait annoncé deux scénarios possibles en matière d’immigration, il n’en demeure pas moins qu’en novembre 2023, le gouvernement du Québec a finalement opté pour une troisième hypothèse qui ne figurait pas dans son plan annoncé au mois de mai dernier. En effet, François Legault a annoncé que Québec fixerait son seuil d’immigration à 64 600 nouveaux arrivants pour les deux prochaines années (2024-2025). De ce nombre, un maximum de 51 500 nouveaux arrivants sera des immigrants économiques et du regroupement familial (regroupement familial qui est géré par Ottawa). 6 500 étudiants internationaux seront choisis dans le volet diplômé du Programme de l’expérience québécoise (PEQ).5400 à 6 600 personnes seront sélectionnées de la catégorie des gens d’affaires.
Pour 2025, le gouvernement de François Legault n’a pas encore fourni ses estimations quant au seuil d’immigration par catégorie. Pour 2026 et 2027, le gouvernement de M. Legault n’a pas encore fait d’annonce. Donc dans son plan initial, le gouvernement québécois ne prenait en compte que les nouveaux arrivants faisant partie de la catégorie immigration économique. Pour l’année 2025, dans son plan initial, le Québec devait recevoir 54 000 nouveaux arrivants en provenance de la catégorie immigration économique, mais il est à supposer qu’en 2025 le nombre d’immigrants économique sera le même qu’en 2024 à savoir un peu moins que 51 500, car à ce nombre, il faut déduire les personnes faisant partie du regroupement familial.
Étant donné qu’il y a environ 466 000 travailleurs temporaires sur le sol québécois, le gouvernement a annoncé que les travailleurs temporaires qui désirent renouveler leur permis de travail au-delà de 3 ans doivent avoir un niveau débutant en français. Cette exigence ne vise toutefois pas les travailleurs agricoles qui sont au nombre de 35 000.
Bref, il semblerait que la protection du français soit le cheval de bataille du gouvernement du Québec qui veut s’assurer que l’immigration n’engendrera pas un recul du français au Québec.